D’un clic de souris magique, je vous propose de revenir aux 30 et 31 août derniers pour visiter les allées et stands « rotorphiles » du dernier salon ULM de Blois.
Cette grande messe de l’Ultra léger motorisé reste inégalée en Europe avec près de 120 exposants et 500 appareils qui arrivent principalement en vol, auxquels s’ajoutent près de 150 avions ou hélicoptères.
« Celui qui n’est pas à Blois n’existe pas » disent les exposants réguliers de cette 34e édition qui viennent de France, mais aussi de nombreux autres pays du vieux continent. Il faut y être pour être reconnu et considéré dans le milieu. Certes, ce salon permet le précieux contact client, mais il est aussi un grand moment d’échange et d’information pour le monde de l’ULM dans une ambiance très conviviale et avec tous ses acteurs (fédérations, assureurs, services d’état…)
Depuis l’avènement de la Classe 6 début 2012, ce n’est que depuis l’édition 2013 que nous avons pu avoir plusieurs constructeurs d’hélicoptères ULM dans les stands. Avant, seul Helisport, le célèbre fabricant des Kompress puis du Ranabot, avait cette étiquette de réel fabricant, toutes les autres machines exposées n’étant que des prototypes où des appareils non éligibles en catégorie ULM de nouveaux concepteurs.
Nous avons retrouvé comme l’an passé le stand LCA Hélicopter, fabricant italien du désormais réputé LH212 que je vous ai présenté plusieurs fois. Son importateur français, la société HELITECH basée à Montélimar et managée par le sympathique Jean-Paul Agier était présent, tout comme les frères Lamana, les concepteurs et fabricants. Trois machines étaient exposées, dont celle de Martial Hulmel de HML Aviation basée dans le Calvados qui a servi aux démonstrations en vol.
LCA Hélicopter, en dix-huit mois de production, n’a pour l’instant sorti que sept appareils. Après cette phase de rodage un peu laborieuse, le personnel aurait été doublé pour enfin atteindre au moins une capacité de 12 à 15 machines par an. Avec la vingtaine de commandes qui étaient déjà signées en juin, il faut au moins ça pour que les clients ne craquent pas et Jean-Paul non plus.
Alors que l’an dernier, elle présentait son prototype et son n°1 de série, la société belge DYNALI, proposait trois appareils cette année en partenariat avec AirFlash d’Amiens, école et distributeur. Le constructeur belge est celui qui a désormais la plus importante capacité de production avec son atelier rodé depuis des années à la fabrication du CNSK « H2S ». À ce jour, vingt et un H3 Easy flyer volent dans le monde et sept dans l’hexagone. Sur les trois appareils présents, il y avait un H3 multicolore en version standard fourni par l’école Volt’Air et un modèle intermédiaire de AirFlash avec la nouvelle cabine, mais toujours avec le Rotax 912S de 100 cv. Cette cabine est moins plongeante, plus fine et avec des montants plus étroits. Elle doit permettre une meilleure vitesse et un comportement moins à piquer à vitesse maximale et améliore l’esthétique d’origine sujette à controverse. C’est la troisième machine qui a le plus attiré les curieux avertis, puisqu’il s’agit de la nouvelle version "sport". Cette version intègre une injection qui ferait grimper la puissance à 125 cv ainsi que la nouvelle cabine et de nouveaux palonniers. A noter aussi un nouveau tableau de bord avec console inférieure qui revient en biais vers les sièges et une meilleure finition. Le prix de cette version « GTI » est de 125 k€ HT contre toujours 110 k€ pour la version standard. Au vu de la qualité indéniable de la voilure du H3, cette version avec 25% de puissance en plus pourrait être vraiment percutante et va mériter un essai rapidement.
Etait bien entendu aussi présente l’équipe italienne d’Helisport des frères Barbero avec Matthieu De Quillacq, son célèbre importateur et instructeur français (Société Alixa). Deux CH77 étaient présentés, un italien qui à servi à la belle démonstration de Igi Barbero et le nouvel appareil de Matthieu à la décoration très appréciée. Le septième CH77 va voler prochainement en France alors que quatorze seraient opérationnels en Europe. Plusieurs kits sont en cours de montage en France. C’est la machine la plus performante avec son moteur de 130 cv préparé par EPA Power. Plus d’une cinquantaine d’unités seraient en commande… ce qui donne des sueurs froides avec plus de deux ans de délais aussi bien aux acquéreurs qu’au constructeur ! L’appareil de Matthieu a eu beaucoup de succès, de part sa qualité de fabrication et sa peinture, mais aussi parce qu’il était présenté sur une balance qui affichait régulièrement 282 kg tout rond. Cette présentation a été faite pour clore les polémiques sur le poids des hélicos Classe 6 et en particulier du CH77 qui est parfaitement dans les clous entièrement équipés avec portes et radio. Et pour bien marquer les esprits, Matthieu, dans son style bien à lui, avait mis en place sur son stand un étendard qui a presque volé la vedette à sa machine : il avait suspendu une maquette à échelle 1 d’une vache pendue par le coup à un échafaudage et qui prônait sur sa cuisse un gros tampon « 282 kg »… Ça a fait beaucoup rire et aussi surement grincer quelques dents… A noter le projet de mise au point d’un coffre de rangement intégré dans un des capots moteur du CH77 avec porte d’accès extérieure. Initiative qui sera bienvenue pour emmener plus que sa brosse à dents ou enfin délester notre pauvre passager du gros sac sur ses genoux !
Côté constructeur de Classe 6, ça fait donc trois, mais nous avions aussi dans les allées deux Mosquito, le seul monoplace hélico ULM. Le premier était à côté d’un CH7 Charlie 2 sur le stand de l’école Heli Light ULM basée dans l’Aisne à Château-Thierry. Ce centre de formation Classe 6 a aussi son atelier d’entretien et de montage d’appareil en kit et distribue les Mosquito. Heli Light ULM disposera prochainement en plus de son CH7 d’un CH77 et d’un Mosquito XEL avec le nouveau moteur de 85 cv. L’appareil sur le stand appartient à Planète Sports et Loisirs, structure commerciale proposant de multiples activités sportives et magasin de sports de plein air basé sur l’Île de Ré. Il a été remarquablement construit par Michaël Morin qui l’a équipé de flotteurs et le pilote personnellement en volant parfois utile pour le SDIS 17 ou la communauté de communes (surveillance, photos, …). Le second Mosquito est celui de Jean-Marie Lizé qui l’a construit près de Nantes. Cet appareil, qui a eu le prix esthétique du salon de Blois 2013, est magnifiquement réalisé, équipé et décoré et en plus vole parfaitement.
Cette fois, la visite des ULM c’est fini, mais pas celles des hélicos présents. Beaucoup ont été surpris de voir un stand avec le fameux Kiss 209 à turbine de Fama Helicopters, société italienne bien connue depuis plusieurs années créée par Nino Fama. Le Kiss 209 avait un temps lorgné de près à la Classe 6 avec sa présence à Blois et même sa participation partielle à la session expérimentale de Berre-La-Fare à l’automne 2010. Trop lourd de plus de 40 kg à l’époque, un projet de version light avait été annoncé en 2011 avant d’être abandonné pour cantonner l’appareil à la catégorie CNSK avec brevet de pilote PPLH. Suite à la disparition tragique du regretté Michel Haen, le nouvel importateur français, Daniel Coven annonce l’allègement de la machine à train fixe, le 209 MF, avec un nouveau carbone qui descendrait la masse à vide sous les 270 kg sans option. Mais il ne parle ni d’homologation Classe 6 ni de pesée officielle de validation. L’enquête est donc lancée…
Un second « intru » a renouvelé sa visite de l’an dernier : Il s’agit d’un appareil expérimental hongrois en version « Air », c’est-à-dire sans cabine et mono-place : le Hungaro copter HC01. Trop lourd pour être éligible Classe 6 avec les masses à vide et maximales d’un biplace, cet appareil motorisé par un Subaru de 136 cv sert de banc d’essai à des passionnés qui ont commencé à développer cette machine en 2008. La firme hongroise propose surtout la réalisation de pièces pour construction amateur sans annoncer vraiment la vente de l’appareil en soi.
Pour être exhaustif dans cette visite des allées, il y avait enfin un SAFARI, hélicoptère en kit d’origine canadienne dans le secteur des occasions.
On peut donc dire que la production des hélicoptères ULM biplaces commence à prendre son rythme de croisière avec un potentiel d’une cinquantaine de machines par an, malgré la disparition du seul constructeur français, la société BHR Aircraft. La société basque créatrice du Mustang F290 tout en carbone qui était présenté en 2013 est actuellement au cœur d’une mise en liquidation plus que douteuse alors que l’appareil n°1 de série était prêt à être livré fin juin et quatre autres courant du troisième trimestre 2014. Une action en justice est en cours par les clients non livrés spoliés de plus de 400 000€ d’acomptes !
Je tiens à remercier chaleureusement Eric Raffier sans qui cet article n’aurait pas existé, ainsi que Jérôme Falc et Olivier Paul pour leurs photos.
Vos commentaires
# Le 2 octobre 2014 à 12:30, par eric En réponse à : ABRACADA… BLOIS
Encore un super reportage bien écrit ! Bravo Patrick et merci pour le clin d’œil , même si je ne le mérite pas ... :-)
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