Yves Dagorn, ancien chef de base hélicoptère de la Sécurité civile de Quimper de 1995 à 2003 est décédé à l’âge de 78 ans.
Il avait commencé sa carrière, en 1967, dans l’Aéronautique Navale où, à l’issue de son cours pilote, il avait été affecté sur la BAN de Lanvéoc-Poulmic pour intervenir à bord des Super Frelon, en particulier dans le cadre du secours en mer. « Il a fait partie du premier équipage à secourir de nuit les marins de l’Amoco Cadiz », relate celui qui lui a succédé à la tête de Dragon 29 dans le Finistère.

En 1981, Yves Dagorn a rejoint les équipages de la Sécurité civile. Sur Alouette III, puis Dauphin, il a d’abord été affecté à Granville puis Quimper en 1987.
À partir de 1995, il a été nommé chef de la base de Dragon 29 et ce jusqu’en 2003, année où il fait valoir ses droits à retraite.

À son actif, plus de 8 000 heures de vol dont 935 de nuit, 1 755 missions de secours dont 1 059 en mer ou sur le littoral. Source

Mercredi 01 octobre 2025
Né dans l’immédiate après-guerre à Douarnenez à deux pas de la chapelle Sainte-Hélène rue du Monte au Ciel, Yves Dagorn est passionné d’aviation à l’exemple de son parrain. Attiré par l’aéronavale, il s’engage en 1965 à maistrance aéro à Saint-Raphaël et devient breveté électronicien de bord en décembre 1967. Affecté à la 24 F Atlantic, du nom du célèbre avion de patrouille maritime basé à Lann-Bihoué, Yves Dagorn se prépare au pilotage d’avion lourd. De nouveau à Saint-Raphaël, son cursus le conduit à Cognac sur Fouga Magister, avant d’en venir à l’hélicoptère en suivant son cours de pilote à l’ALAT, à Dax puis au Luc en Provence.
Le 15 mars 1974, il est breveté pilote. Affecté à la BAN de Lanvéoc-Poulmic, il rejoint alors la 32F comme pilote de Super Frelon, aéronef mis en service en 1970 pour l’ASM et l’accompagnement des SNLE en début et au retour de patrouille. Autre mission dévolue à cet hélicoptère de 4700 ch, capable d’emporter une jeep et un commando ou 6 tonnes de charge utile, les missions de service public CSAR, Combat, Seach, and Rescue. Formé au pilotage de cet hélicoptère à trois turbines, Yves Dagorn est qualifié pour des vols sans visibilité Zéro Zéro IFR (instrument flight rules), La navigation aux instruments est un atout opérationnel pour les interventions de nuit par gros temps.

Le 16 mars 1978, le pétrolier Amoco-Cadiz s’échoue à Portsall.
Ce jour-là, la préfecture maritime de l’Atlantique à Brest place la BAN de Lanvéoc en alerte suite à l’échouage sur les roches de Portsall, d’un tanker après une panne hydraulique de safran. Le CV Vivanco chef de la BAN, mobilise un équipage aguerri pour cette mission qui s’annonce difficile, de nuit par temps froid et 35 nœuds de vent. Le Super Frelon 112 indicatif Béligou Alfa arrive sur zone à une altitude de 70 pieds (21 mètres) aidé par les feux puissants du remorqueur Pacific pour repérer la drop zone. Guy le Nabat (Jo) en sa qualité de plongeur est hélitreuillé sur le pétrolier. Son rôle est crucial. Il consiste à préparer la manœuvre pour remonter un à un les marins en proie pour certains à la panique. Après 43 minutes de combat contre les éléments, en vol stationnaire à 30 pieds (9 mètres) au- dessus du château du pétrolier, de nuit par une température de zéro degré, l’équipage du Super relon 112 réussit à arracher 28 membres d’équipage de l’Amoco-Cadiz de cet enfer. Retour à la base. Un second Super Frelon arrive sur zone pour hélitreuiller d’autres marins. Le SF112 redécolle pour l’Amoco Cadiz afin d’hélitreuiller les derniers membres d’équipage et le plongeur Guy Le Nabat. Au total 43 hommes et une femme sontF sauvés. Les paquets de mer déferlent sur la structure du Tanker chargé d’un pétrole particulièrement visqueux à l’odeur puissante confinant à l’écœurement. Le bruit des turbines du Super Frelon est assourdissant sur fond d’une tempête de force 8 sur l’échelle de Beaufort. La performance de cet aéronef gros porteur, mis en service en 1970 démontre un fort potentiel opérationnel grâce à la cohésion d’un équipage de cinq marins du ciel totalement interdépendant les uns des autres.
Après quatre ans à la 32 F, Yves Dagorn rejoint l’escadrille 22 S comme moniteur sur Alouette III.

La sécurité civile : un nouveau départ !
En 1981, après 14 ans dans l’aéronavale de service public, Yves Dagorn quitte la Marine pour rejoindre la Sécurité civile à Granville où il pilote une Alouette III puis un Dauphin. En 1987, Yves rejoint la base de Pluguffan près de Quimper. En 1995, il devient chef de la base Hélicoptère de la Sécurité civile Dragon 29 créée en 1963. À son actif, plus de 8 094 heures de vol dont 936 h de nuit, 1 755 missions de secours dont 1 059 en mer ou sur le littoral. Yves Dagorn outre son sourire, (sa marque de fabrique) et sa bienveillance, a apporté son expérience et introduit la compétence et la qualification IFR, une caractéristique confirmant la vocation de secours en mer de la base. Il a suivi la navalisation des équipages et formé en tant qu’instructeur, 19 pilotes sur Dauphin.
En 2003, Yves Dagorn, pilote émérite sur Alouette, Super Frelon et Dauphin, met fin à sa carrière de pilote après 38 ans de service actif, assurant la passation du commandement de la base d’hélicoptères de la Sécurité civile Dragon 29 à Philippe Joly.

Distinctions :
– 1976 : Médaille de l’aéronautique en équipage par le ministre de la défense Yvon Bourges pour le sauvetage exceptionnel de l’équipage de l’Amoco Cadiz.
– 1998 : Chevalier du Mérite Maritime
– 2003 : Remise de la médaille d’honneur pour actes de courage et de dévouement par le préfet du Finistère.

Joël Ruz, président de la section Finistère de la fédération nationale du Mérite Maritime, Christian Wozniak président honoraire, Eric Berthou Webmaster et François Gobin porte-drapeau, étaient présents le vendredi 26 septembre à la cathédrale de Quimper pour la cérémonie d’hommage à Yves Dagorn. La section Finistère du Mérite Maritime adresse à sa famille ses sincères condoléances. Source
Salut Yves !

© Eric Berthou

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