30 ans après le drame du Drac : les retrouvailles des deux secouristes intervenus en premier pour sauver les enfants

jeudi 4 décembre 2025

Trente ans après le drame du Drac, où six enfants et leur accompagnatrice ont perdu la vie lors d’une sortie scolaire, ICI Isère donne la parole aux rescapés et aux secouristes qui sont intervenus à l’époque. Une intervention qui les a marqués à vie.
C’était il y a 30 ans jour pour jour : six élèves de CE1 de l’Externat Notre-Dame de Grenoble, partis observer les castors au bord du Drac, en aval du barrage de Saint-Georges-de-Commiers, perdaient la vie emportés par Francis Delafosse interviewé - Photo DR © Radio France - Théo Hetschune brusque montée des eaux suite à un lâcher d’eau par EDF. Une accompagnatrice meurt également dans la catastrophe. Trente ans plus tard, ICI Isère donne la parole aux deux secouristes qui sont intervenus en premier sur les lieux du drame. "Il y a quelques années encore, je faisais toujours des cauchemars liés à ce drame du Drac" raconte Francis Delafosse. Cet ancien mécanicien de la Sécurité civile a décidé de consulter une psychologue spécialisée, "et ça porte ses fruits, j’aurais été incapable de faire cette interview il y a encore trois ans" confie-t-il. Car cette intervention l’a marqué plus qu’aucune autre, il se souvient parfaitement de ce 4 décembre 1995.

"On nous demande d’intervenir pour un groupe de personnes isolées sur un banc de sable au milieu du Drac, on part assez serein car cela n’avait pas un caractère dramatique, cela nous arrivait de temps en temps" raconte-t-il. Sauf qu’arrivés sur place, ils se rendent compte qu’il s’agit d’enfants, regroupés sur un îlot autour de leur institutrice, "comme des poussins autour de la mère poule". S’engage alors un secours rapide avec son collègue Thierry Romier, jeune pompier plongeur. "On treuille les enfants rapidement, j’en prends certains dans les bras pour accélérer" explique le secouriste. Ils treuillent rapidement 11 enfants et l’institutrice. Mais ils ne se doutent pas de l’ampleur du drame. La professeure est sous le choc, incapable de parler."L’hélicoptère se pose sur la berge, on pensait avoir secouru tout le monde et on s’apprêtait à partir lorsqu’une enfant me tire la jambe de la combinaison de vol et me demande ’vous n’allez pas chercher ceux qui sont dans l’eau ?’ Alors là, tout change" raconte Francis Delafosse.

Thierry et Francis reprennent le travail, presque comme si de rien n’était
Les secouristes remontent alors en vitesse dans l’hélicoptère et scrutent les eaux sombres du Drac. "On découvre un premier corps, puis deux". Les secours s’enchaînent, avec des allers-retours entre les eaux du Thierry ROMIER interviewé - Photo DR © Radio France - Théo HetschDrac et la berge, où des renforts sont arrivés. "On retrouve ensuite le corps de l’accompagnatrice. Elle tenait dans ses bras un enfant. Cette femme a essayé jusqu’au dernier moment de le sauver, jusqu’à se sacrifier. C’est une image qui nous restera à vie, car c’est à la fois beau et dramatique" confie l’ex-mécanicien. "On est restés pendant trente ans avec cela, et on le partage aujourd’hui" ajoute Thierry Romier. Car à l’époque tous les regards se tournent vers les familles des victimes. Thierry et Francis, eux, reprennent le travail, presque comme si de rien n’était. Et pourtant, changés à jamais.

Ce que l’on sait moins, c’est que le bilan de ce drame sur le Drac aurait pu être encore plus lourd. "Nos regards étaient tous concentrés sur la surface de l’eau. Obnubilés par cela, on s’est rapprochés dangereusement d’une ligne électrique à haute tension qui se trouvait à proximité. J’ai vu les câbles tout près, je me souviens m’être étonné de la grosseur de ces câbles, et à partir de ce moment, je n’ai plus aucun souvenir" relate Francis Delafosse. À côté, le pompier confirme : "dans le casque je hurle ’attention aux câbles’ et là heureusement le pilote a tiré le manche en arrière et on a pu éviter la ligne électrique de justesse". Sans ce réflexe, les deux secouristes ne seraient sans doute plus là pour relater ces événements.

30 ans plus tard, à la retraite, les deux agents ont encore les yeux rouges en relatant ces événements. Si les cauchemars se sont arrêtés, leurs pensées, tous les 4 décembre, ne sont jamais très loin du Drac. Source

 Cliquez ici pour écouter l’interview et ici pour l’interview de Nicolas Weber, l’un des enfants rescapés.

L'Alouette 3 F-ZBAH de la Sécurité civile posée sur les berges du Drac le 5 décembre 1995 - Photo DR © Maxppp

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