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50e anniversaire d’une ère nouvelle dans le secours héliporté en haute montagne

Publication : 14/06/2017 Auteur(s) : Francis

Il y a près de 50 ans, le 7 août 1967, l’équipage GRAVIOU-ROUET de la Protection civile effectuait le treuillage d’un blessé au sommet du GREPON à 3500 mètres, certainement un record du monde pour l’époque.
Alouette III F-ZBAS Protection civile avec de gauche à droite : Jean-Louis LUMPERT, Christian GRAVIOU, Jacques BERARD, Paul ROUET, Louis MARET en 1966 - Photo DR Archives GHSC Base d'AnnecyLe treuil monté sur les hélicoptères du secours en montagne est devenu un élément primordial dans l’exécution de la plupart des missions. Des milliers de personnes lui doivent la vie. Son utilisation est devenue banale si ce n’est naturelle. Il n’en fut pas toujours ainsi.
En effet, les équipages ont beaucoup tardé à l’utiliser dans le domaine et désormais, ce sont eux qui l’utilisent le plus aujourd’hui.

Comment ne pas penser qu’il y aura un demi-siècle en août prochain, un équipage hélicoptère Protection civile effectua sa première mission de secours avec utilisation de ce treuil. Il s’agit du Pilote Christian GRAVIOU et du Mécanicien-Treuilliste Paul ROUET de la Base d’ANNECY qui, en intervention dans le secteur de Chamonix, décidèrent d’employer ce moyen nouveau au sommet du Grépon à 3850 mètres.
Alouette 3 Protection civile F-ZBAS rotor tournant (fûts de carburant avec la pompe) - Land Rover des pompiers sur la gauche, vers 1967 - Photo DR archives GHSC Base d'AnnecyD’aucuns penseront que, si ce n’avait pas été eux, il en aurait eu d’autres. Certes, il en est de même pour toutes les « Premières ». On peut en dire autant des premiers hommes dans l’espace et de bien d’autres records. Quand bien même, ce jour-là, ils ont osé ! "Oser", un comportement de pionniers plus que nécessaire à cette époque. Bien sûr, des exercices avaient déjà eu lieu, mais la perte de puissance occasionnée par l’action simultanée du treuil et le poids supplémentaire imposé pendant la remontée, deviennent conséquents à haute altitude. Cela n’avait d’ailleurs jamais été tenté avec les Alouette II réservées au secours en montagne, moins performantes.

Alouette III F-ZBAS (non équipée du treuil de 25 m) de la Protection civile Base d'Annecy en août 1966 - Photo INA

Dans son livre « Les Compagnons de l’Alouette » le Chef de la Base Jean-Louis LUMPERT déclarait en été 1965 :

« Nous étions dotés d’un treuil depuis le début de la saison et, en ce qui concerne mon équipe, j’avais considéré que nous avions d’autres choses à apprendre avant d’attaquer les treuillages ».

Mais deux ans plus tard, le 7 août 1967, vers 16h30 à bord de leur Alouette III déjà bien utilisée pour l’assistance aux secours en montagne dans les Bases concernées, les deux hommes sont sollicités pour venir en aide à un alpiniste victime d’une jambe cassée et d’une plaie à la tête. Pour l’atteindre et le secourir, les sauveteurs demandent du renfort, mais ne pourront arriver là-haut avant la nuit. L’équipage GRAVIOU-ROUET comprend que c’est là l’occasion ou jamais de mettre à profit leurs entraînements à cette manœuvre, mais à cette altitude, c’est une grande première. Jean-Louis Lumpert, stationné sur la Place du Mont-Blanc peut, avec d’autres témoins, suivre les évènements.

Alouette 3 F-ZBAS Protection civile vers 1967 - Photo collection famille ROUET« J’ai un moment d’angoisse. Nous allons inaugurer une nouvelle méthode de sauvetage en montagne qui va changer bien des choses ».

Asphyxié par le souffle du rotor, assourdi par le bruit de la turbine, quelle sera la réaction du blessé lorsqu’enfin il s’élèvera dans les airs, lentement hissé par le mince fil d’acier de notre treuil, se balançant tournoyant, avant d’arriver à la cabine ?
De Chamonix, beaucoup observent le manège inaccoutumé de l’Alouette sans toutefois apercevoir le câble du treuil qui descend vers la victime. L’hélico se maintient immobile, soudain, ils aperçoivent un homme quitter le rocher et monter vers l’appareil. Alouette 3 F-ZBAS équipée du treuil de 25 m avec Francis Riera à droite, Jean-Louis Lumpert à gauche et Paul Rouet au fond à gauche, durant l'été 1967 - Photo DR archives GHSC Base de Grenoble La manœuvre a parfaitement réussi et ouvre dorénavant une ère nouvelle en matière de secours en haute montagne, diminuant ainsi les risques pour les sauveteurs et augmentant considérablement le rôle de l’hélicoptère.

Les journalistes locaux sont vivement intéressés par cette première et interrogeant, photographiant, ils promettent la sortie de beaux articles. (...)

Malheureusement, une autre préoccupation médiatique du jour occultera cet évènement dans la presse et il nous a semblé nécessaire de relater ce 50e anniversaire.

Francis DELAFOSSE


L’ÉQUIPAGE

Christian GRAVIOU : Pilote
Issu de la Police nationale et après une période de perfectionnement au vol en montagne organisée dans les Alpes maritimes par Alfred LEPLUS et Jean-Louis LUMPERT de la Base de Grenoble, A l'Hôpital d'Annecy, Christian GRAVIOU à droite avec la casquette, le 30 mai 1964 devant l'Alouette 2 F-ZBAC de la Protection civile (Base d'Annecy) - Photo DR collection Famille ROUET le pilote Christian GRAVIOU est sélectionné en vue de la création de la Base d’Annecy en avril 1964.
Il effectue alors sa qualification sur Alouette III qui arrivera à la Base d’Annecy un mois plus tard. et participe au tout premier détachement saisonnier de Chamonix.

Trois ans plus tard, avec le Mécanicien d’équipage Paul ROUET, il effectue le premier hélitreuillage de blessé à plus de 3500 mètres au Grépon.

Christian Graviou aux commandes d'un Dauphin de la Sécurité civile Base de Granville - Photo DRIl quitte Annecy-Chamonix en novembre 1969 pour la Base Hélicoptère Protection civile de Granville où il retrouve l’Alouette II avec laquelle, il effectue de nombreux secours en mer, côtiers et îliens jusqu’à l’arrivée d’une Alouette III sur cette Base le 2 décembre 1977.

En 1984, il effectue sa qualification sur l’hélicoptère bi-turbine DAUPHIN plus adapté encore aux secours en mer loin des côtes, les îles Anglo-normandes faisant toujours partie intégrante du secteur d’intervention de cette Base.

Toujours à Granville, Christian effectue son dernier jour de service le 21 mai 1990, avant son départ à la retraite.

Paul ROUET : Mécanicien-Treuilliste
Après un début de carrière dans l’Aéronavale, Paul ROUET entre dans la Police nationale en 1955. Paul ROUET devant l'Alouette 3 F-MJBF de la Gendarmerie sur la DZ des Bois de Chamonix, années 60 - Photo DR collection famille ROUET A la suite de sa formation, il grossit les rangs des personnels participants aux opérations de maintien de l’ordre en Algérie.

Il obtient sa mutation au Groupement Hélicoptère de la Protection civile en 1961 dans les fonctions de Mécanicien à l’Atelier Central d’Issy-les-Moulineaux.

En 1962, à sa demande, il rejoint la Base de Grenoble créée depuis cinq années seulement sur l’aérodrome Jean Mermoz d’Eybens, puis sera choisi pour participer à la création de la Base d’Annecy en 1964.

Après avoir passé son Brevet de Pilote Privé en 1975, Paul ROUET à bord de l'Alouette III F-ZBAS (Base de Grenoble) à la fin des années 70 - Photo extraite d'un reportage "30 Millions d'amis" dédié aux CRS de Briançon - collection Francis DELAFOSSE il désire néanmoins changer d’horizon et demande sa mutation dans le secours en mer. Il exercera à nouveau ses fonctions de Mécanicien/Sauveteur/Secouriste sur la Base de Quimper pendant deux ans.

Mais très vite, la montagne lui manque et il obtiendra son retour sur Grenoble en 1977 où il restera désormais jusqu’en 1987, date de sa mise à la retraite.

Paul nous a quitté en octobre 2000.

• Cliquez ici pour lire le secours raconté par Jean-Louis LUMPERT dans son livre "Les Compagnons de l’Alouette".

Messages

  • Il y a cinquante ans aujourd’hui, le câble du treuil de sauvetage est devenu au secours héliporté montagnard ce que le bras est au sauveteur.
    Ce jour-là, il s’est tendu pour la toute première fois à la portée d’une victime de la montagne dans la massif chamoniard.
    Cela a pu se faire grâce à l’initiative et à la décision d’un équipage hélicoptère, ouvrant ainsi des possibilités énormes plus que jamais appliquées et appréciées de nos jours, mais peut-être trop souvent dans l’ignorance de l’évènement.

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