Parler de Jean Louvet est pour moi une réelle satisfaction. J’avais entendu les plus grandes éloges à la Direction de la Gendarmerie, pilote fin, menant à bien ses missions et toujours disponible. Je l’ai rencontré pour la première fois à Megève en 1974, nous avons rapidement sympathisé et j’ai même pu voler avec lui quelques fois. Mais son histoire est passionnante, jugez plutôt.
Né le 23 juillet 1945 en Normandie à La Hoguette, village situé au Sud-Est de Falaise, quelque chose avait du se déclencher chez lui puisqu’à l’âge de quatre ans il demandait à son grand père de lui dessiner un « VION ». A 16 ans, il s’inscrit à l’Aéro-club de Falaise et obtient son brevet à 17 ans. Il décide alors d’en faire son métier et s’engage dans l’ALAT.
Le 1er mai 1964, il passe par Nancy au CISALAT puis ce sera Saint-Maixent pour l’Ecole nationale des sous-officiers et enfin Dax pour le stage pilote. Mais lui qui pensait faire beaucoup d’avion va participer au premier stage que mettait en place l’ALAT ; à savoir quatre mois sur avion et direct sur hélicoptères. Il sort breveté le 1er mars 1966. Il est alors affecté à Dinan, mais il s’y ennuie tellement qu’il entre en Gendarmerie, et après quatre mois de purgatoire à Châtellerault, il est affecté à la SAG de Rennes le 3 octobre 1969 puis à celle de Lyon un an plus tard, ce qui le rapproche de la montagne.
Dans l’intervalle, il est qualifié montagne en octobre 1970 et c’est pour lui un grand moment et une énorme satisfaction.
Le 1er avril 1971, le DAG de Megève et créé et il rejoint son affectation le 15 avril 1971. L’Alouette 3 Bravo Lima est arrivée. Le Chef du DAG est l’adjudant André Cuenot appelé « le Grand Cheyenne » qui était un moniteur d’exception avec lequel il va beaucoup apprendre car ils s’entendaient très bien. Il a beaucoup apprécié son « Chef » car il possédait une habileté aux commandes peu courante.
Ensuite, Jean va beaucoup découvrir par lui-même. Il restera cinq ans à Megève, surtout l’été ; la plus belle période de sa carrière. Suivront deux années à Djibouti et une à Toulouse. Il va alors rejoindre Tarbes le 1er juillet 1978 et travailler sous les ordres d’un autre monstre de la montagne : Jean Toustou, « l’Aigle des Pyrénées ». Il va aimer travailler avec lui, un homme rare. Le travail est moins dense que dans les Alpes mais les moments sont tout aussi magiques.
Le 1er septembre 1980, retour dans les Alpes où il prend le commandement du DAG de Briançon. Il passe le monitorat et est affecté trois ans plus tard à la SSV de Villacoublay ce qui lui permet de garder toujours un pied en montagne où il prend un réel plaisir à faire découvrir ce site exceptionnel et instruire dans le relief. Après un court séjour à Hyères, il revient à Villacoublay comme Chef de la SESV ; il y restera quatre ans.
Le 1er septembre 1993, il est alors capitaine et prend le commandement de la SAG de Lyon pour six super années de quasi montagne. Il crée le DAG de Chamonix. Le 16 août 1999, retour à Villacoublay comme Chef de la Section Instruction.
Le 5 juillet 2001, le Chef d’Escadron Jean Louvet prend sa retraite. Certes, des interventions en hélicoptère, il en a vécu dans les Grandes Jorasses, au Grand Pilier d’Angle et un peu partout dans les diverses montagnes de l’hexagone.
Il pourrait écrire un livre mais il est trop modeste pour le faire.
On pourrait dire qu’il a abandonné l’hélico, eh bien non. Car pendant qu’il était à Lyon, il avait fait connaissance d’un personnage particulier qui avait monté une société d’hélicoptères ; Jean rencontra Antoine Carracci, aujourd’hui disparu, et une certaine complicité s’installa entre les deux hommes.
Après avoir été essayé en hélico relais sur le Tour de France, il va prendre sa place et devenir un des piliers de l’organisation et imposer son emprunte. Il ira sur le Paris-Dakar, sur la plupart des courses cyclistes en France et un peu partout en Europe. Aujourd’hui, à 65 ans, plus question de faire du Transport Public mais le Travail Aérien lui suffit amplement et comme il le dit si bien « Tant que j’ai la santé, je garde mon petit boulot d’été ».
A ce sujet, Jean, cette année le Tour de France s’arrête à Carmaux ; je pense que vous viendrez vous poser à Albi ; alors je t’attends en juillet.