Reportage avec les pilotes de l’hélicoptère bombardier d’eau du SDIS 29
mardi 29 juillet 2025
C’est un cas unique, dans l’Ouest : depuis 2023, le Finistère se dote chaque été d’un hélicoptère bombardier d’eau, pour la lutte contre les feux de forêt. Un appareil de la société Héliberté, baptisé Morane 29, avec, aux commandes, des pilotes chevronnés dont l’action est souvent décisive.
Depuis le 1er juillet, 4 pilotes se relaient 7 jours sur 7 pour intervenir sur les feux naissants. Basé à Quimper, au siège du SDIS 29, l’hélicoptère est équipé d’un "Bambi bucket", une poche d’eau fixée sous le fuselage, qui peut contenir près de 1000 litres d’eau. Parmi les pilotes mobilisés : Anne-Chantal Pauwels, ancienne copilote de rallye.
Quand l’alerte est donnée, son Ecureuil B3 décolle en seulement quelques minutes. "On essaie dans la mesure du possible de prendre de l’eau sur notre chemin. On vient se plonger dans n’importe quel plan d’eau, qui fait plus de 2 mètres de hauteur d’eau. On soulève le seau, et on a un gros effet de balancier, parce que le poids de l’eau est quasiment égal au poids de l’hélicoptère, donc on a ce mouvement de balancier que l’on doit contrer.
Une mission d’intérêt public, excitante
En fonction des fumées, on ne peut pas toujours se positionner à la verticale du feu. On est obligé de se décaler, de faire un largage en virage, pour projeter de l’eau en latéral, par exemple. On fait quelquefois des largages verticaux, pour amener un camion en sécurité s’il est encerclé par les flammes, là on déverse nos 1000 litres sur le camion pour protéger du feu.
Ces missions-là sont extrêment valorisantes, gratifiantes, en termes de pilotage. C’est une mission d’utilité publique : il faut être endurant, précis, extrêmement attentif à nos paramètres moteurs, aux branches qui pourraient traîner dans l’eau et s’accrocher dans le Bambi bucket. Il y a énormément de pièges à éviter, et cela rend les missions extrêmement excitantes."
L’hélicoptère du SDIS 29 est à moins de 25 minutes de vol de tous les points du département. Une fois sur place, l’Ecureuil B3 peut faire de multiples rotations rapides entre un plan d’eau et l’incendie. Des feux souvent d’origine accidentelle, comme l’explique Didier Coudert, mécanicien en chef chez Héliberté. "La grande majorité des feux sur lesquels on a dû intervenir était des feux de chaumes. Lorsque la période est très sèche, le matériel agricole provoque des étincelles et crée un incendie, sur les récoltes ou sur le sol. Ça peut aller très très vite : il faudra un quart d’heure, vingt minutes pour brûler deux hectares.
"On est hyper efficace, beaucoup plus qu’un canadair !"
Il faut intervenir immédiatement. C’est pour ça qu’on est basé dans la caserne, et dès l’instant qu’on nous déclenche, trois à quatre minutes après, on est partis parce qu’on est hyper efficace, beaucoup plus qu’un canadair, parce que le feu est naissant, et on peut cibler un endroit très précis. Volontairement, on prend un virage engagé, de façon à ce qu’on puisse centrifuger le Bambi bucket, et l’eau va aller exactement à la base du feu. C’est l’intérêt de l’hélico."
En dehors de l’été, ces pilotes Héliberté assurent des missions commerciales, font de l’hélitreuillage de matériel sur des chantiers difficiles d’accès, mais ils expliquent ressentir une motivation toute particulière pour ces missions de lutte contre les incendies.
"8h20 de vol il faut les tenir, mais c’est un souvenir top !"
Malgré la difficulté de l’exercice : Anne-Chantal Pauwels n’oubliera pas ce triple feu combattu à l’été 2023. "Il y a eu trois départs de feu, depuis le matin à Belle-Ile. J’ai embarqué mon officier et on a commencé les arrosages. On a fait 8h20 de vol, et 82 rotations sur les trois feux. Il y avait un camping, une ferme sur le deuxixème feu, et le troisième feu était le long du sentier côtier, et il y avait pas mal de gens en train de se promener. C’était assez costaud... 8h20 de vol il faut les tenir, mais c’est un souvenir top : on est rentré au coucher du soleil, face à nous plein ouest. Avec le plaisir de la mission accomplie, et ça n’a pas de prix."
Pour le lieutenant colonel Pascal Pitor, du SDIS 29, l’hélicoptère bombardier d’eau est un outil précieux qui a démontré toute son utilité depuis 2023. "Cette année, il a déjà largué pas mal de tonnes d’eau notamment sur le dernier feu important à Telgruc-sur-Mer, où il a contribué, avec la télédétection, à faire en sorte qu’on préserve un hameau complet : 16 personnes qui y habitaient. Si on avait été en 2022, le hameau y serait passé."
Morane 29 poursuivra sa mission juqu’au 31 août, et devrait à nouveau être mobilisé l’été prochain. Source