Dragon 17 - Gaby, femme pilote !

mardi 2 septembre 2025

Reportage RCF Charente-Maritime
Dans ce nouvel épisode de "Du sport à l’aventure", retour à la Base Dragon 17, déjà mise à l’honneur lors de la toute première émission de Valérie Lambert en août 2015.

Cette fois, focus sur Gaby, pilote d’hélicoptère.
Avec les autorisations de la Sécurité civile et du ministère de l’Intérieur, Valérie est partie à la rencontre de cette femme pilote hors du commun. Immersion au cœur de la base, découverte de son quotidien et de son engagement, pour un témoignage inspirant qui met en lumière la passion et l’exigence d’un métier exceptionnel. Source

 Cliquez ici pour écouter le reportage.

La Rochelle : l’été intense de Gabrielle Berthe, pilote hélicoptère de la Sécurité civile
Le record estival : huit interventions sur la seule journée du vendredi 22 août


L’été intense de Dragon 17, l’indispensable hélicoptère de la Sécurité civile à La Rochelle
De gauche à droite : Valérie Lambert (RCF) en compagnie de Christophe (MOB) et Gabrielle (pilote). un des équipages de Dragon 17 - Photo DR RCFLes équipages rochelais de la Sécurité civile ont vécu une saison estivale très intense avec pas moins de 170 interventions. L’occasion de saluer les prouesses de ces passionnés héros du quotidien et de leur très populaire Dragon 17, qui sera remplacé l’année prochaine.

Départ (de la plupart) des touristes, retour au travail et météo automnale. C’est bel et bien la rentrée. L’occasion de tirer un bilan de l’été chaud et intense vécu par les unités de secours. Focus ce mardi sur la base hélicoptère de la Sécurité civile de La Rochelle. Et son fameux Dragon 17 "jaune et rouge" que nous voyons passer très régulièrement au-dessus de nos têtes, en Charente-Maritime et au-delà. Le pilote chevronné et chef de base Philippe Brieux a comptabilisé pas moins de 170 missions en juillet-août. "Cela fait longtemps qu’on n’avait pas eu un été comme ça. On avait une baisse d’activité après Covid. Mais cet été, on a été à trois missions par jour en moyenne avec plusieurs pics. Une fois, on est montés à huit missions dans la journée !" (NDLR : le vendredi 22 août).

"Beaucoup d’interventions sur les îles"
Un été record mené sur un rythme très intense pour la team rochelaise composée de quatre pilotes (*), quatre mécaniciens et des pompiers spécialisés du SDIS 17. "Nos journées d’alerte, c’est pratiquement 24h, qu’on peut répéter plusieurs jours d’affilée. Les missions estivales, c’est beaucoup d’interventions sur les îles (Oléron, Ré et Aix). On a eu également un peu plus de petites missions de treuillage que d’habitude. Sans oublier la prise en charge des victimes d’accidents de la route", précise Philippe Brieux, 64 ans, dont 22 aux commandes d’un Dragon 17. "On vole et on aide les gens, c’est un métier-passion."

Météo oblige, l’EC145 reste à l’abri du vent ce mardi matin. L’inspection quotidienne se fait dans le hangar de la Sécurité Civile. C’est la première mission de Davy Monnier, mécanicien, opérateur de bord et instructeur. "Le matin, il faut une bonne heure avec toutes les opérations à faire. A commencer par le tour de la machine. Il faut vérifier que tous les ensembles mécaniques soient opérationnels, vérifier le treuil, sortir la machine, vérifier le carburant, la soute (à carburant), et toute la périphérie de l’appareil à contrôler". Il faut ajouter à cela l’exploitation informatique centralisée à Nîmes.

"On adapte la version en fonction de la mission"
Après le mécanicien, c’est au tour du pilote d’inspecter son appareil. La tournée du patron ce mardi matin. "En fonction de la mission, on change la version de l’équipement. Ca peut être une version avec brancard ou si on va sur une plage, la barquette qu’on peut charger par l’avant ou par l’arrière. Lorsqu’on fait un treuillage en mer, on met un bac de rétention d’eau, parce qu’on n’aime pas trop que l’eau de mer vienne s’infiltrer dans tout ce qui est électronique. On peut prendre aussi un canot de survie équipage, on adapte (la version) en fonction de la mission", résume Philippe Brieux.

Gabrielle, un(e) pilote comme les autres
Dernière étape avant un potentiel décollage, la checklist à deux voix et quatre mains rôdée du pilote et de l’opérateur de bord. Parmi les quatre pilotes rochelais : Gabrielle Berthe. Une des deux seules femmes aux commandes d’un hélicoptère de la Sécurité Civile en France. "Je suis très très fière d’être une femme pilote, mais je reste une pilote comme les autres", sourit Gabrielle interrompue par un signal sorti du haut-parleur du hangar. Fausse alerte. Dragon 17 peut rester sur le plancher des vaches ce matin.

Parmi les missions marquantes de Gabrielle Berthe cet été, l’évacuation par civière d’une jeune femme victime d’un malaise au sommet du phare des Baleines. Une des huit missions de ma fameuse journée surchargée du 22 août. Temps de transport entre le nord de l’ile de Ré et l’hôpital de La Rochelle : 8 minutes ! Il aurait fallu une heure et demi - au bas mot - par la route. Dragon 17 est une véritable ambulance volante.

Un nouveau Dragon 17 en 2026
L’hélicoptère jaune et rouge est presqu’aussi populaire qu’un joueur du Stade Rochelais. Philippe Bireux confirme : "C’est vrai que dès que l’on (se) pose quelque part, les gens sont très attirés par Dragon 17. Ils posent des questions, prennent des photos. Nous n’avons pas la prétention d’être des héros du quotidien, mais c’est vrai qu’ici on est connus et reconnus".

La star du ciel rochelais sera remplacée par un nouvel appareil en 2026. Un H145 d’Airbus Hélicoptères fabriqué en Allemagne. Plus performant, plus confortable à piloter (après trois semaine de formation) avec ses cinq palles et son rotor de queue caréné. Un bijou à 13 millions d’euros.

(*) Un pilote vient de quitter La Rochelle pour travailler à Clermont-Ferrand. Et un mécanicien a obtenu sa mutation à Bordeaux, effective au 1er octobre. Source


Gaby, femme pilote chez Dragon 17
En France, dans la Sécurité civile, on ne compte que deux femmes pilotes d’hélicoptère, l’une d’elle vit à La Flotte.
Gabrielle Berthe, pilote de l'hélico Dragon 17. Elles ne sont que 2 femmes pilotes d'hélicoptère dans la Sécurité civile, en France - Photo © Valérie LambertDepuis 1963, date de la création de la base Dragon 17* sur l’aéroport La Rochelle-île de Ré, l’hélicoptère de la Sécurité Civile se tient prêt à décoller 24h sur 24, 7 jours sur 7 et 365 jours par an pour partir en mission. À son bord, pour se tenir prêt à décoller, obligatoirement un binôme est formé d’un pilote et d’un MOB (mécanicien opérateur de bord).

Actuellement en France, la Sécurité Civile compte cent hommes et seulement deux femmes pour oeuvrer au pilotage de l’hélicoptère EC145**. Depuis plus de 60 ans dans la base rochelaise, plus d’une vingtaine de pilotes se sont succédé aux commandes de ce célèbre hélicoptère rouge et jaune, aucune femme n’avait encore occupé ce poste dans cette base, mais depuis le 7 juillet 2023, Gabrielle Berthe est venue changer la donne.

Gabrielle dit Gaby, est pilote d’hélicoptère pour la Sécurité Civile, un métier au service du secours aérien qu’elle exerce avec conviction, engagement, passion, humilité et discrétion.

Pour Ré à La Hune, Gabrielle a accepté de répondre à quelques questions tout en faisant le choix d’une communication portée surtout sur son métier passion et certainement pas sur les missions auxquelles elle a participé qui ont fait les titres de l’actualité récente. Gabrielle insiste, Dragon 17, c’est avant tout une équipe de quatre pilotes dont elle fait partie avec Philippe, Dominique et Thomas et de 4 MOB, Davy, Christophe, Stephane et Loïc qui oeuvrent à porter secours sans autre distinction.

Ré à la Hune : Comment est née votre vocation de pilote d’hélicoptère ?
Gabrielle Berthe : Engagée dans l’Armée de l’air à 19 ans à Salon de Provence, j’ai fait mon premier vol en hélicoptère en passager, ça m’a tout de suite plu. Quand j’ai été acceptée comme pilote dans l’armée de l’air, j’avais le choix entre devenir pilote de chasse, pilote de transport ou pilote d’hélicoptère, j’ai essayé les trois, mais en montant dans un hélicoptère j’ai senti que c’était vraiment cela que je voulais faire. Ce premier vol en hélicoptère a changé ma vie. J’ai eu un sentiment de liberté immense. Les missions en hélico étaient plus belles, elles étaient tournées vers les autres, elles avaient un sens. Travailler les uns avec les autres, en équipage, chacun avec ses spécificités et avec une forme d’expertise mise en commun pour réaliser des missions de secours, c’est vraiment ça qui m’a plu. J’ai été brevetée pilote d’hélicoptère à 22 ans et commandant de bord à 25 ans.

Pourquoi l’hélicoptère ?
La machine permet de faire du vol en stationnaire, de se poser à peu près partout, l’hélicoptère permet de voler dans des conditions parfois très dégradées. En fait c’est une machine très moderne, très technologique avec une avionique performante qui paradoxalement nous lie au rythme de la nature, de la météo, des marées pour exercer notre métier.

Comment devient-on pilote d’hélicoptère dans la Sécurité Civile ?
Les pilotes d’hélicoptères de la Sécurité Civile sont des pilotes en seconde partie de carrière, c’est une reconversion. Un gros pourcentage vient de l’armée, ce qui est mon cas, je viens de l’armée de l’air, ensuite j’ai fait une petite partie de ma carrière dans le monde civil à Tahiti Hélicoptère ce qui m’a donné une autre expérience et qui a enrichi mon CV pour pouvoir entrer dans la sécurité civile où je suis arrivée en 2021 après quasiment 20 ans de pilotage. En 2023, un poste de pilote se libérait à La Rochelle.

Quelles sont les qualités pour être pilote dans la Sécurité Civile ?
C’est une bonne question, la première c’est d’avoir un bon relationnel. Avoir une capacité à bien s’entendre avec tout le monde, apprendre à communiquer dans les moments qui peuvent être stressants avant et pendant les vols. Avec le MOB et avec les différents partenaires de nos missions, les pompiers, les personnels du SAMU et aussi avec les victimes et leurs familles qui peuvent être sur place quand nous intervenons. Il faut savoir garder de la distance tout en ayant de l’empathie pour la victime, c’est un exercice difficile. Il faut avoir une capacité d’adaptation en toutes situations, sur terre, en mer et en vol. Savoir prendre rapidement une décision en conscience pour tout l’équipage et tous les personnels au sol pour ne pas les mettre en danger. Quand on est commandant de bord on a des responsabilités. Il faut être passionné par ce que l’on fait et ne pas être une tête brûlée, le seul intérêt de nos missions, c’est la victime. Savoir dire non à une mission pour ne pas mettre les gens en danger plus qu’ils ne le sont. Réfléchir avec le médecin à la meilleure évacuation pour la victime pour veiller à ce que les conditions soient optimum pour elle, les soignants et l’équipage.

Il y a sûrement une part d’adrénaline forte dans l’exercice de ce métier ?
Oui effectivement, quand on se lève le matin pour aller tenir une alerte***, c’est plaisant de ne pas savoir ce que l’on va faire, quelles missions nous attendent, ça c’est déjà de l’adrénaline. Mais on ne va pas la chercher, ce n’est pas le but. Plus que l’adrénaline, j’évoquerai surtout ces moments émouvants, lorsque par exemple nous survolons des paysages magnifiés par un lever de soleil ou coucher de soleil que nous offrent les vols.

Qu’est-ce que vous répondez aux détracteurs sur l’impact écologique de l’hélicoptère ?
On parle beaucoup d’écologie et il est nécessaire de répondre à ceux qui sont inquiets sur une utilisation abusive de l’hélicoptère. Je vais prêcher pour ma paroisse mais je répondrai que premièrement, si c’était quelqu’un de leur famille, ne seraient-ils pas contents qu’un hélico vienne chercher cette personne à qui ils tiennent plutôt qu’un autre moyen de transport qui serait plus lent pour les mettre en sécurité et les soigner ? Et soyons conscients que nos donneurs d’ordre utilisent l’hélico de façon très pragmatique, quand nous sommes appelés ce n’est pas pour le plaisir, c’est pour une extraction ou assistance d’urgence. En dehors du secours à la personne nous avons d’autres missions, comme par exemple la lutte anti-feu et celle de prévention avec les vols marées.

Le cœur de notre métier, c’est de porter secours, la devise de la sécurité civile c’est « servir pour secourir ».

Votre métier est-il accessible facilement aux femmes ?
J’aimerais souligner que mon métier est accessible, que si les femmes ne sont pas nombreuses à l’exercer ce n’est pas un problème de compétence mais de candidature. Il y a peut-être peu de jeunes filles qui osent franchir le pas. Je l’ai constaté lors des visites scolaires collèges et lycées à la Base, elles me posent toujours cette question sur la crainte de ne pas pouvoir réussir à la fois une vie professionnelle exaltante et une vie de famille. Alors oui, il faut oser, il faut avoir de l’audace ! On peut avoir un métier passion et une vie de famille.

Quels sont vos loisirs préférés ?
En dehors de voler, j’aime naviguer. J’ai la passion de la mer et c’est bien pour cela que j’ai choisi de venir vivre sur l’île de Ré, à La Flotte. J’ai mes petits coins préférés ici, Trousse Chemise, le banc du Bûcheron et quelques autres que je ne dévoilerai pas. J’ai beaucoup navigué sur toutes les îles où j’ai vécu. J’adore aussi la plongée sous-marine qui m’apporte elle aussi ce sentiment de liberté et de communion avec les éléments plus forts que nous.

Sauveteur un jour, sauveteur toujours
Gabrielle en balade devant l'abbaye des Châteliers - Photo © Gabrielle BerthePilote sauveteur à la sécurité civile, certainement mue par cet appel profond au secours d’autrui, Gabrielle sait offrir un peu de son temps à la SNSM, comme si le sauvetage était inscrit dans son ADN. Alors, quand son métier lui laisse suffisamment de temps libre, que sa fille est à l’école ou avec son papa, Gabrielle donne de son temps à la SNSM où elle est bénévole. Elle fait partie de la SNSM île de Ré et est ravie d’avoir été acceptée dans le groupe.

Et si à notre tour on apportait de l’aide à Gabrielle ?
Depuis plus de deux ans elle loue à La Flotte une maison qu’elle doit libérer chaque été pour les locations estivales. Gabrielle aimerait bien trouver un logement avec trois chambres et un petit jardin à l’année sans être obligée de plier bagages en juillet et août… L’appel est lancé !

*Dragon 17 : le numéro correspond au département d’implantation. **La Sécurité civile s’est dotée d’une nouvelle version, le H145, la base rochelaise accueillera son nouvel hélico courant 2026 ***On parle d’alerte pour la Sécurité civile, chez les médecins on utilise le terme garde. Source

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