Toute une carrière du sous-sol aux survols des Alpes Iséroises.
Après quarante-trois années au service du secours médical sur trois générations d’appareil (Alouette II, Alouette III et EC 145), le docteur France ROCOURT a choisi la Base Hélicoptère Sécurité civile de Grenoble pour organiser ses adieux au secours héliporté en cette journée du 24 novembre 2018.
D’origine Belge, c’est en France qu’elle s’inscrira en troisième année de médecine non pas pour justifier
son prénom mais pour découvrir la montagne.
Ses études de Médecin terminées à Grenoble, elle rejoint le Docteur Menthonnex au Groupe Mobile d’Urgence pour exercer bénévolement en qualité d’étudiante en Réa-Anesthésie. Ce service deviendra plus tard le SAMU.
Un équipage (Pilote & Mécanicien) responsable d’un hélicoptère de secours de type Alouette peut intervenir seul dans certaines circonstances (limitation de poids, urgences absolues) Mais le plus souvent une équipe spécialisée dans le secours demandé prendra place à bord pour être déposée ou héliportée auprès des victimes.
En montagne, la présence d’un médecin s’est imposée tout d’abord au sein des secours effectués en véhicule ou à pied. Par hélicoptère, la réticence fut de taille mais très justifiée. Alourdir l’appareil et déposer des personnes non aguerries aux dangers de la montagne demeure la pleine responsabilité du Commandant de bord. France en témoigne d’ailleurs lors d’une interview radio où elle relate sa première approche pour le moins délicate avec un équipage de l’Alouette 3 de la Protection civile de Grenoble (cliquez ici pour écouter son témoignage et ici pour l’émission complète).
Le milieu médical n’est pas encore prêt pour cela, il sera encore possible de voir, dans le milieu des années quatre-vingt, des médecins déposés sur des interventions de secours en moyenne montagne, revêtus de leur blouse blanche baskets ou chaussures de ville. Comme le mentionne également France lors d’une interview télévisée en janvier 2014 (cliquez ici pour voir le reportage).
France avait compris tout cela, convaincue qu’il lui fallait appréhender une formation spécifique de manière à pouvoir s’imposer avec un maximum de sécurité.
Si les équipages s’efforcent de répondre le mieux possible à ce concept nouveau, cela implique parfois quelques improvisations
comme l’illustre la photo ci-contre. Elle semble présenter une situation peu conventionnelle, voire burlesque, mais somme toute, bien moins dangereuse que celle d’être suspendu au câble d’un treuil.
C’est encore l’époque ou l’efficacité opérationnelle demeure la principale préoccupation par delà les réglementations les plus diverses en cours d’élaboration. Ce qui a permis aux équipages hélicoptère de secours de dévoiler toutes leurs possibilités en la matière, avant d’être contraints de respecter des conventions qui s’avéreront quelques fois néfastes à la réussite d’un secours. J’en ferai la triste expérience quelques années plus tard, témoin de l’arrivée d’une époque nouvelle ou le respect des directives officielles m’est apparu prépondérant à toute autre considération. Ce qui en matière de sauvetage et de secours aux personnes n’est pas sans engendrer quelques légitimes frustrations.
Dès l’année 1975, France sera déposée ou hélitreuillée prêt des victimes y compris
dans les secteurs où il lui faudra intervenir au plus profond des entrailles de la terre pour se porter au secours des pratiquants de la spéléologie.
Par sa détermination, elle parviendra à servir sur les Alouette II de l’ALAT, puis se rendre indispensable à bord des Alouette III de la Sécurité civile ou de la Gendarmerie au profit des secours sur l’ensemble de notre région Alpine.
Son dernier vol sera effectué sur l’EC 145 de la Sécurité civile le 13 mai 2018.
Dans toute sa carrière, certains moments furent douloureux, en particulier quand il lui fallut intervenir personnellement pour la survie de ses propres équipiers accidentés au cours de leurs interventions. Elle retient surtout l’aspect gratifiant de l’ensemble de cette vocation, convaincue d’avoir sauvé de nombreuses vies par sa présence auprès des plus graves détresses malgré la particularité des lieux et les difficultés rencontrées.
Elle est titulaire de l’Ordre national du Mérite et a reçu en Juillet 2017 le Prix Charles MOREL décerné par la Gendarmerie nationale.
Nous lui souhaitons une bonne continuation dans la poursuite de ses diverses activités médicales, associatives et sportives.
Francis DELAFOSSE
Messages
11 décembre 2018, 14:17, par Saffioti vincent
Hello France,
que de bons souvenirs,, des beaux secours, du dévouement, et une passion inégalée pour toi et toute notre équipe...Profites bien de cette retraite et que cela ne nous éloigne pas de notre" bande".....
Je te remercie pour la confiance que tu avais en nous , on t’as mis parfois dans des drôles de galères , pour que tu puisses exercer et secourir a ton tour.
je te remercie pour ta bonne humeur éternelle, ta sympathie et ton amitié pour nous tous......
avec toi nous faisions tous une sacré équipe !!!
je t’embrasse très fort Vincent
12 décembre 2018, 20:04, par Marc Lafond
Un bel article retraçant une belle carrière ,tout en humilité et discrétion ,la Passion à l’état pur
Merci pour cette leçon de vie ,ta présence ton amitié.
Compagnon de la première heure ,je t’embrasse avec affection.
Marc