Une très grande dame nous a quittés. À l’aube de sa 103e année, le général Valérie André, première femme à devenir officier général en France, s’est éteinte ce mardi 21 janvier.
Multi-décorée, Valérie André a totalisé au cours de sa carrière 4 200 heures de vol, réalisé plus d’une centaine d’évacuations sanitaires, 496 missions de guerre et sept citations avec la croix de guerre. En son honneur, l’héliport de Paris/Issy-les-Moulineaux a été baptisé "Valérie André" en Mars 2022.
Médecin général inspecteur Valérie ANDRÉ-SANTINI
Publié le 24 janvier 2025 Antoine et Janine Santini, son fils et sa belle-fille, Alexia Santini, sa petite-fille, ses sœur, frères, belles-sœurs et beau-frère, Paule Battini, André Santini, ancien ministre et maire d’Issy-les-Moulineaux, Dominique Santini, Éric Santini, ses cousins, neveux et nièces et toute la famille, Catherine Maunoury, Martine Gay, le colonel Sansu, ses amis proches, ont la tristesse de faire part du décès du médecin général inspecteur Valérie ANDRÉ-SANTINI, grand’croix de la Légion d’honneur, grand’croix de l’ordre national du Mérite, 1ère femme pilote d’hélicoptère brevetée 001, survenu le 21 janvier 2025, à Issy-les-Moulineaux, dans sa 103e année.
La cérémonie religieuse sera célébrée le lundi 27 janvier 2025, à 14 heures, en la cathédrale Saint-Louis des Invalides, Paris (7e), suivie de l’inhumation au cimetière communal d’Issy-les-Moulineaux.
Cet avis tient lieu de faire-part.
27-01-2025 Honneurs militaires funèbres au Médecin Général Inspecteur Valérie André
Adieu général
Aujourd’hui, dans la Cour d’honneur des Invalides, un dernier hommage a été rendu à Valérie André : une légende de l’armée 🇫🇷
Médecin militaire, parachutiste, pilote d’hélicoptère, cette pionnière fut la première femme à accéder au grade de général en France.… pic.twitter.com/18YWGMvekG
MINISTÈRE DES ARMÉES - Direction centrale du service de santé des armées - Ordre du jour n°154 / 25 - =oOo= du médecin général des armées Jacques Margery - Directeur central
Madame le médecin général inspecteur Valérie André,
« Avez-vous réalisé vos rêves ? » vous demandait-on, en mars 2021, dans la bibliothèque de l’Hôpital suisse de Paris à Issy-les-Moulineaux. Un sourire dans les yeux, vous répondiez, sans détour : « Oui ! ».
Et votre voix, comme en écho sous les arches de cette cour d’honneur, nous revient.
Comme l’écrivait son contemporain Romain Gary, pilote de guerre lui aussi « Rien ne vaut la peine d’être vécu qui n’est pas d’abord une œuvre d’imagination, ou alors la mer ne serait plus que de l’eau salée ». Ces mots ne peuvent que résonner à l’évocation du souvenir de Valérie André. Car plus qu’aucune autre, son imagination fut l’amie de son avenir. Car sa vie tout entière fut édifiée sur des rêves aux racines profondes, semés dès ses plus jeunes années dans le terreau fertile de l’enfance. Elle fit ainsi du ciel sa première obsession, et des pionniers de l’aviation, ses premiers héros. Inspirée par Maryse Hilsz, à qui elle offrit, à l’âge de dix ans, un bouquet de fleurs sur le tarmac d’un aérodrome de Strasbourg, c’est avec la même passion que quelques années plus tard elle caressa pour la première fois les nuages, à bord d’un Caudron « Luciole » piloté par son beau-frère.
À cette fascination se superposa très tôt la force d’une autre passion irrépressible, la médecine, qu’elle étudia à Clermont-Ferrand, puis dans le Paris occupé, où elle soutint une thèse de doctorat sur la « pathologie du parachutisme » - comme une première fusion de ses rêveries de petite fille, teintées par les sursauts de l’époque, par l’influence de la guerre qui s’achevait et par celle qui s’ouvrait à plusieurs milliers de kilomètres de la, dans l’Extrême-Orient embrasé. Comme les deux nœuds du même bois.
Alors elle fit de ses rêveries sa vocation. Motivée par les appels au patriotisme de son doyen d’université Léon Binet, c ’est avec au cœur une ferme volonté d être utile et de servir qu’elle embarqua en 1948 sur le Champollion pour rejoindre le corps expéditionnaire français à Saigon comme médecin-capitaine.
Là-bas, pendant deux années, parachutée dans la jungle ou dans la boue des rizières, sur les collines ou dans les vallées, sous la pluie battante ou sous un soleil de plomb, elle soigna les corps meurtris et pansa les âmes de centaines de soldats, alliés et ennemis.
Mais c ’est en 1950 qu’elle eût une véritable révélation lorsqu’elle découvrit les deux premiers hélicoptères Hiller 360 acquis par le service de santé. Elle prit immédiatement conscience de leur intérêt pour l’assistance médicale des troupes au combat mais également de la limite de ces machines fragiles dont les pales sont alors en bois et les capacités d’emport très réduites, ne permettant pas à un médecin d’accompagner le vol. Elle comprit alors parfaitement l’enjeu de faire en sorte que le pilote soit également médecin pour améliorer les chances de survie des blessés. Intimement convaincue du bien-fondé de son idée, et avec la ténacité qui la caractérisait, elle fit le siège du chef du Service de santé en Indochine, afin qu’il l’autorisât à suivre un stage de formation de pilote hélicoptère. Elle obtint ainsi, à l’âge de 28 ans, le brevet civil, devenant à cette occasion la première femme en France à obtenir cette qualification, et donnant naissance à la légende de « la femme qui descend du ciel ».
Aux confins de l’Asie, confrontée à l’horreur de la guerre, elle opéra sans relâche sous le feu ennemi. « Cachant sous une frêle apparence une énergie peu commune, un courage à toute épreuve, un dévouement sans limite et la plus froide audace », comme le décrit l’une de ses citations à l’ordre de l’armée, elle affronta à maintes reprises des conditions insoutenables pour arracher des blessés à la mort, totalisant 129 missions de guerre, et 165 évacuations médicales.
C’est à cette période qu’elle fit la rencontre du capitaine Alexis Santini, lui-même pilote d’hélicoptère, compagnon d ’armes qui devint plus tard son compagnon de vie.
De retour en métropole au sortir de l’Indochine, elle poursuivit de front ses activités de médecin et de pilote au Centre d’essai en vol de Brétigny-sur-Orge, où elle s’illustra à nouveau.
Puis vint le temps de l’Algérie en 1959, à l’issue d’un stage de formation sur hélicoptère lourd à Chambéry. Elle y effectua plus de 350 missions de guerre, faisant une fois de plus honneur à la mission confiée par la Nation et noircissant quelques pages de plus du livre de ses exploits. Parfois, souvent, au péril de sa propre vie, comme ce jour où elle échappa miraculeusement au crash de son hélicoptère H-34. « Sans doute la chance m’ a-t-elle souvent accompagnée, comme une amie fidèle » aimait-elle à répéter.
Après les accords d’Évian, elle retrouve en 1962 la métropole en tant que médecin-chef de la base aérienne de Villacoublay. Et parce qu’elle était de cette trempe de héros de nos quotidiens qui se cherchent toujours plus d’engagements, elle mit ses qualités et son énergie au service d’un combat qui lui était cher : la défense de la place des femmes dans les armées. Première femme colonel en 1970, elle accède au grade de médecin général le 21 avril 1976, devenant ainsi la pionnière de l’accession des femmes aux sommets de l’armée française.
Elle orna son uniforme de la troisième étoile de médecin général inspecteur en 1981, au crépuscule d’une carrière militaire d’exception, source d’inspiration et de respect absolu de ses compagnons d’armes, médecins, aviateurs, généraux et fut élevée, en 1987 puis 1999, aux dignités de grand-croix de l’ordre national du mérite, et de grand-croix de la légion d’honneur à titre militaire. Elle reçut en 2010, des mains du chef d’état-major de l’armée de l’Air, le symbolique brevet numéro 001 de pilote d’hélicoptère militaire.
Madame le médecin général inspecteur, vous fûtes, au-delà de votre héroïsme, de vos hauts faits d’armes et de vos actions d’éclat, un véritable parangon de valeur humaine, qui amena Pierre Mendès-France à vous décrire comme « une incarnation fascinante de rigueur, de volonté, et d’exigence morale [...] ».
« J’ai eu une vie extraordinaire. La seule chose que je peux souhaiter maintenant, c ’est un beau matin ne pas me réveiller et d’être là-haut, parmi les étoiles » aviez-vous dit un jour. Aujourd’hui que votre souhait s’est réalisé, vous rejoignez le Panthéon de vos héroïnes, et retrouvez votre époux, Alexis.
Vous, la petite fille qui contemplait les deux avec émerveillement,
Vous, le valeureux médecin qui, dans son hélicoptère, fendait le vent pour soigner ses camarades blessés au combat, recevez ce dernier hommage comme le témoignage de notre profond respect, et de l’immense reconnaissance de la Nation toute entière. Adieu général.
Militaires du rang, d’active et de réserve, personnel civil du service de santé des armées,
Paris, le lundi 27 janvier 2025 Source pour prendre connaissance de l’éloge funèbre MGI Valérie André.
29-01-2025 - De vibrants hommages pour le général Valérie André
Le 27 janvier, le général Valérie André, disparue à l’âge de 103 ans, a reçu de vibrants et émouvants hommages lors de ses obsèques aux Invalides, puis à Issy-les-Moulineaux où elle est enterrée.
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